Il y a quelques semaines Outlander retournait sur nos petits écrans. Et quel retour ! Aussi bien au niveau du contenu que de la forme, la série s'est révélée être toujours d'aussi bonne qualité.
Le résumé :
Le début de ce premier épisode n'a cessé d'aller de moments déchirants en moments déchirants : le retour de Claire à Craigh Na Dun et la confirmation de la mort de Jamie sur le champ de bataille m'ont fait verser quelques larmes. Et puis une Claire sans Jamie c'est impossible ! Plus d'hommes en kilt, no way ! Malheureusement pour nous, il faut faire avec pour les 35 prochaines minutes. Après toute la promotion autour des décors et des costumes faite pendant des mois, on ne peut s'empêcher de se demander "mais quand va-t-on revenir au XVIIIe siècle ?". Et pourtant, toutes ces scènes se déroulant au XXème sont magnifiques, à la fois poignantes et subtiles. J'étais déchirée entre l'envie de revoir Jamie et celle de ne pas quitter le futur pour les acteurs et les plans de caméra.
Ainsi, cet épisode marque le moment qu'on avait arrêté d'imaginer : la rencontre Claire - Frank. Mais celle-ci est bien réelle et se passe comme on se l'était tous imaginée : une Claire effrayée et ecoeurrée par le reflet de Frank.
"I'm back" - Claire
"And I am so grateful" - Frank
"Je suis de retour" - Claire
"Et j'en suis tellement reconnaissant" - Frank
Pour moi le "It's not you" ("Ce n'est pas toi") de Claire traduit parfaitement sa situation : elle est victime des blessures internes encore ouvertes infligées par Black Jack et ne peut s'empêcher de voir le bourreau en son mari.
![]() |
©tv.com |
En parallèle de tout cela, notre héroine doit s'adapter à un environnement proche et pourtant si différent de celui dans lequel elle a vécu pendant plusieurs années (klaxon, radio, voitures dans la rue, avions...). Dans ce monde si bruyant et si loin de celui qu'elle aimait, Mrs Graham est sa bouée de sauvetage. D'ailleurs, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur devant le visage blessé de Frank quand Claire demande à parler à cette dame.
Ce retour qu'il espérait tellement et qu'elle avait tenté pendant de nombreux mois, n'est pas comme ils l'avaient imaginé. Et bien que réunis, ils sont si seuls. D'un côté, une Claire tentant de faire son deuil (elle veut être sûre que Jamie est bien mort à Culloden) et d'un autre un Frank souffrant de leur séparation et du silence de sa femme. A tout cela vient s'ajouter une autre épreuve. Black Jack a fait de nombreux dégats : il n'a pas détruit que la relation entre Jamie et Claire mais également celle qu'elle avait avec Frank. Et bien que son premier mari aie quelques ressemblances avec son ancêtre (je n'ai pas pu m'empêcher de le voir en Frank lorsqu'il a respiré les vêtements, ou bien de façon plus évidente lorsqu'il était à deux doigts de la frapper), j'admire la patience dont il fait preuve. Il donne tout son temps à Claire pour qu'elle lui raconte son histoire.
Mais quand on y réfléchit, il tente plutôt d'éviter le sujet. Ceci se remarque quand le grand moment des révélations arrive enfin. Quel moment puissant, soit dit en passant ! L'homme essaie de se protéger en pensant qu'il est plus heureux dans l'ignorance.
"I want to tell you what happened to me after..." - Claire
"You don't have to" - Frank
"Je veux te dire ce qu'il m'est arrivé après que..." - Claire
"Tu n'as pas à le faire" - Frank
Il tente de rappeler d'agréables souvenirs partagés. J'en profite pour faire remarquer au passage à quel point ce choix de souvenir est ironique. En effet, la nuit à laquelle il fait allusion est le moment où il avait soupçonné Claire d'infidélité, soupçons éveillés par sa rencontre avec le fantôme de Jamie... Ironie quand tu nous tiens...
De son côté Claire fait tout pour le repousser : elle lui dit que son histoire est impossible à croire, qu'elle s'est mariée à un autre (en insistant bien sur ses sentiments) et finit, devant l'obstination de Frank, par lâcher la "I'm pregnant" bombe ("Je suis enceinte"). Pour moi, être face à Frank était mon troisième moment déchirant (surtout lorsqu'il se jette à ses pieds lui déclarant son amour indéfectible, j'avais un gros pincement au coeur). En revanche, je me demande encore comment il a pu imaginer, ne serait-ce qu'un instant, que le bébé soit de lui.
Après longue réflexion, Frank décide de saisir l'opportunité d'être père (chose qu'il pensait impossible, se sachant stérile). Mais il décide de faire d'une pierre deux coups en voulant éloigner Claire de ses derniers liens avec Jamie (eh là on a bien envie de lui mettre une claque. Quoi, ne me dites pas que ce n'est que moi ?). Bon ok, même s'il peut paraître détestable en éloignant Claire de son beau et bien-aimé Jamie, il veut offrir une vie et de véritables origines à l'enfant. La jeune femme finit par lui porter un dernier coup : elle accepte ses conditions mais pas pour lui. Non, elle fait tout cela pour Jamie :
"He made me promise that I would let him go. So I will"
"Il m'a fait promettre que je le laisserais partir. Alors c'est ce que je vais faire"
Et une petite larme coule de nouveau sur ma joue.
Une autre différence entre Frank et Jamie se joue sur la bague. On voit clairement qu'il attend de Claire qu'elle finisse par se séparer de son lien du mariage avec son second mari. Jamie n'en avait jamais attendu autant, même avant de connaître la véritable histoire de Claire.
![]() |
©outlandercastblog |
Vous pensiez être arrivés au bout des émotions lancinantes, l'équipe d'Outlander vous prouve que non. Non, ils nous rajoutent la scène où Claire regarde ce qu'il lui reste de son passé partir en fumée et se disperser vers le ciel. Moi à ce moment ? Oh je suis tout simplement en train de me noyer dans mes larmes...
Notre nouveau-ancien couple arrive à Boston. Le regard de Frank traduit ses pensées : "vers un nouveau futur merveilleux" ; le regard de Claire : "qu'est-ce que c'est moche...".
Mais notre torture arrive à sa fin car après une parfaite transition nous voilà replongés au XVIIIème siècle ! Et qui de mieux pour nous dépeindre l'atmosphère que l'élégant et chauvin Murtagh :
"France... Reeks of frogs"
"La France... Ca pue la grenouille"
Ah que j'aime Murtagh ! Lui qui reste dans cet épisode toujours aussi fidèle et loyal. C'est dommage qu'il soit réduit à un valet.
![]() |
©outlandertvnews |
Dans cet épisode nous y voyons un Jamie tentant de guérir mais toujours pourchassé par ses blessures. C'est également le début du complot et des mensonges.
"We can infiltrate the Jacobite mouvement"
"Nous pouvons infiltrer le mouvement Jacobite"
La rencontre avec le cousin Jared est le premier test. Il est la première personne à convaincre de leur soutien (factice) envers les Jacobites. Et il n'est pas si facile que ça à duper.
"What is the fire that burns within you?"
"Quel est le feu qui brûle en toi ?"
Ensemble, Claire et Jamie réussissent à l'embobiner et Jared va jusqu'à leur confier son affaire, sa maison et une part de ses bénéfices. Ce qui est assez ironique (une fois de plus) c'est que l'argument convaincant le cousin de leur bonne foi est le dos de Jamie. Pourquoi est-ce ironique ? Eh bien parce que ce même dos était utilisé dans la saison 1 pour le financement de la révolte Jacobite et que Jamie n'en était pas très content.
Arrive enfin LA scène de l'épisode, celle que j'attendais par dessus tout : tout le dialogue français sur le port. Comme d'habitude Claire n'écoute pas Jamie et court au devant du danger. Mais heureusement que notre héroine est têtue et libre comme l'air, elle évite une épidémie de variole. Cependant ceci mène à la destruction du bateau contaminé, leur créant par la même occasion un nouvel ennemi : le Comte Saint-Germain.
"Vous me le paierez, vous me le paierez tous deux"
![]() |
©Starz |
Le côté artistique :
Le retour de la série signe le retour de grands jeux d'acteurs. Tout d'abord celui de Caitriona Balfe (Claire). On ne peut s'empêcher de ressentir la douleur immense avec laquelle elle débarque au XXème siècle (scène auprès des pierres, avec le chauffeur, ou même quand elle passe du présent au passé lorsqu'elle évoque Jamie). Notons au passage que Caitriona est toujours aussi classe, même dans les vêtements des années 40.
![]() |
©outlanderidler |
Ensuite, celui de Tobias Menzies (Frank). Lorsque l'on pense "Wow Caitriona est incroyable" la caméra se pose sur la visage de Tobias et il est à couper le souffle. L'acteur nous prouve qu'il sait interpréter une joie qu'il n'avait pas jouée en incarnant Black Jack. Après l'annonce de Claire sur l'enfant qu'elle porte, le passage du bonheur immense à l'incompréhension puis à la rage meutrie est juste époustouflant (et la musique s'y prête bien). Ce poing tremblant nous faire déglutir bruyamment, nous rappelant son ancêtre tortionnaire. Ensuite, le regard vague et la respiration courte de Frank lorsqu'il s'adresse au révérand à propos de l'enfant montrent également le talent que possède l'acteur.
![]() |
©outlandercastblog |
Pour ce qui est de Stanley Weber (le Comte Saint-Germain), il est parfait. Je trouve qu'il rentre bien dans l'image du personnage, il a beaucoup de classe et en impose.
![]() |
©filmreviewonline |
Les plans de caméra sont également excellents. Par exemple, l'arrivée de Frank à l'hôpital avec ce mouvement de bas en haut, ne dévoilant son visage qu'à la dernière seconde sur la prononciation du nom "Randall", j'en frissonne encore. Et que dire de la transition entre le XXème et le XVIIIème ! Cette transition est tout simplement jubilatoire !
Les décors du Havre sont bien réussis pour des décors sur fond vert.
Le générique a eu droit à un petit makeover (pas que celui de la saison 1 était moins bien mais il fallait l'adapter aux circonstances). La musique est différente (la cornemuse est remplacée par des instruments à cordes), quelques images ont été changées (costumes, carosse, bijoux, serpents et rumeurs sont à l'honneur), mais surtout un passage de la chanson en français !
Chante moi l'histoire d'une fille d'autrefois
S'agirait-il de moi ?
L'âme légère,
Elle prit un jour la mer
Cependant le générique ne renie pas ses origines en gardant la plupart des paroles et des images d'origine.
Enfin, l'épisode se termine sur une longue scène en français et je ne peux m'empêcher de vouloir laisser une petite note à nos acteurs anglophones (moi traumatisée par une professeur de français ? Pas du tout !)
Caitriona Balfe mérite un bon 17/20. Quelques petites fautes de prononciation mais rien de méchant à reprocher, elle est claire (quel jeu de mots !) et y met l'intonation.
Sam Heughan (Jamie) n'y est pas encore : 14/20. C'est parfois difficile de le comprendre mais il s'en sort mieux que la plupart des acteurs que j'ai pu entendre parler en français.
Robert Cavanah (Jared) mérite également un 17/20. Soit, il a moins de répliques, mais sa prononciation est aussi correcte et claire que celle de Caitriona.
Ma conclusion :
Bien que prenant quelques libertés par rapport au livre, cet épisode signe le grand retour de la série. Un retour qui se fait dans les règles de l'art et qui annonce une saison de qualité. Il nous met l'eau à la bouche quant à la suite. J'attends de voir tous ces costumes magnifiques dans les prochains épisodes. Je suis également impatiente de voir d'autres personnages de Diana Gabaldon prendre vie à l'écran.
Izzy, AJI Team
Aucun commentaire
Commentez sans lésiner sur vos mots. On veut tout savoir !