Dumber Things

Billet d'humeur d'une lectrice.

© gazette-du-geek

Booooooon. 

     J’ai enfin regardé Stranger Things. Voilà. 

     Quand la série événement de Netflix est sortie, je l’ai sciemment laissée passer. Je me suis dit qu’étant donné que je n’étais pas née pendant les années 80, que je n’avais pas vu la plupart des films qu’ils référençaient (The Goonies, Rencontre du 3ème type, Firestarter et j’en passe), ou bien que je ne les avais pas aimés (E.T. et Ghostbusters en haut de la liste), je n’étais pas vraiment le public cible. Et puis je regarde déjà beaucoup de séries, j’ai pas le temps de TOUT regarder. 

     Alors certes, j’ai quand même cette nostalgie fabriquée des Eighties. J’adore Terminator et The Lost Boys, je fais du jeu de rôle (bon, pas Donjons & Dragons, mais quand même), je suis une grande fan de la synthwave, ce genre musical qui reprend à fond les codes de la musique d’y a trente ans (les synthéééééééééééés ouiiiiiiiiiii), et puis même généralement, j’aime tout ce qui est plus grand que nature, un peu cheesy, un peu kitsch, donc les 80’, au fond, c’est fait pour moi. 

     Mais quand Strangers Things est sorti, j’ai fait l’impasse. Probablement parce que je suis une hipster et que j’aime pas les trucs trop populaires. À 8 ans, j’ai refusé de lire Harry Potter parce que tout le monde le lisait, vous voyez le délire. 

     Bref, la saison 2 est sortie, et à ce moment, je découvrais Tumblr. Et Tumblr est capable de vous mettre la hype sur tout et n’importe quoi, et ça a eu raison de moi. En cinq jours, j’ai regardé les deux saisons, et si j’avais pas eu besoin de dormir ni de travailler, j’aurais probablement bingewatché la série en moins de 24 heures chrono. 

Verdict ? 

Meh. 

© akns

     Qu’on me fasse pas dire ce que j’ai pas dit : la série est réussie. Les acteurs sont tous très bons, et vu que la moitié du casting est faite de gamins, c’est vraiment une performance. J’ai un amour tout particulier pour les personnages de Dustin (il est trop pur pour ce monde) et Steve (le SWAGG), avec mention honorable pour Hopper et Will. La tension se tient bien, il n’y a pas de plot holes, visuellement, c’est bon. Et puis la musique mon Dieu la musique ! 

     Mais hé, il y a une différence entre faire quelque chose qui se tient, et faire quelque chose de bien. 

     S’il n’y a pas de plot holes, l’écriture est un peu… simpliste. Au premier épisode, on a déjà compris qui va sortir avec qui, qui va mourir, qui va s’engueuler, pourquoi, et comment ils vont faire la paix. Et je déteste deviner ce genre de chose, ça casse les trois-quart du suspens, et on a un peu de mal à s’attacher aux personnages, vu qu’on sait ce qui va leur arriver. L’écriture des personnages est d’ailleurs l’un de mes grands problèmes. 

© thesun

     Surtout avec le personnage de Winona Wyder, insupportable dans son rôle de mère-hystérique-que-tout-le-monde-croit-qu’elle-est-folle-mais-non (j’aime pas les gens qui passent leur temps à crier/pleurer, c’est plus fort que moi). Nancy est juste terriblement plate en adolescente-rebelle-ouhlala. Finn est parfois un peu chiant aussi, mais c’est un gamin, donc ça se tient encore, et Eleven (non, je l’appellerais pas Onze) est juste… déjà vue. 

  Alors « Ouiiiiiiii mais c’est un hommage aux classiques des années 80, c’est normaaaaaaaaal…» 

Non. 

     Il y a une ligne fine entre l’hommage et la feignasserie. Stranger Things est du mauvais côté. 

     Ce qui se ressent d’autant plus dans la saison 2, avec l’arrivée de nouvelles lignes narratives et de nouveaux personnages. Déjà Max. Elle sert à rien. Elle est juste là pour que des gamins de 13 ans aient un intérêt amoureux (genre, c’était nécessaire). D’autant plus qu’elle est ce cliché de « la fille cool » que ma bonne amie féministe vous dirait que c’est pas top. Et puis son frère, Billy, est pas mal useless aussi, en plus d’être un cliché sur jambes (bon, il participe au développement de Steve, mais c’est tout). Toute l’arc sur la sœur d’Eleven est maladroit, ça pu le « Nan, mais on développera dans la saison 3 » sauf que non. Si vous m’introduisez un nouveau personnage (et ses sidekicks), des nouveaux enjeux, de nouvelles histoires, vous me bâclez pas ça comme des blaireaux. 

     Eeeeeeeeeeeeenfin bon. 

     Je me suis un peu laissée emporter, je crois. 

     C’est juste que ça me frustre de voir une série aussi quelconque portée aux nues quand des séries comme Future Man (qui explore cette même nostalgie des 80’) ou Ghost Wars (qui fait pas semblant de faire peur et a un vrai monde parallèle creepy et mystérieux à souhait) sont ignorées, des séries comme Sense8, Blood Drive ou Dirk Gently’s Holistic Detective Agency (dans les trois cas : concept original, personnages attachants, intrigues bien ficelées, imprévisibilité totale) sont annulées. 

C’est pas OK. 

     En plus, le Demogorgon, c’est juste un Slender Man. Faites un effort, les mecs. Au moins, votre méchant de la saison 2 a un design plus réussi. 

©ksasset.timeincuk

     Strangers Things, c’est pas mauvais. J’en ai vus, des trucs mauvais. J’ai vu une comédie musicale pakistanaise de 3 heures racontant la vie Hitlar, le fils caché d’Hitler, patron de boite de nuit. J’ai vu Beowulf. Et Dragon Ball Evolution. 

     Donc Strangers Things, c’est honorable. C’est même plutôt réussi. C’est juste… fade. C’est du réchauffé, fier d’être du réchauffé, et loué pour être du réchauffé. J’ai récemment vu quelqu’un (c’était Dave Sheik) expliquer qu’en période de crise (montée du chômage, manque de confiance aux politiques, tout ça), on se dit que quand même, c’était mieux avant. D’où les remakes au cinéma (je vous fais pas une liste, vous-même vous savez), et d’où la popularité de Stranger Things qui joue à fond la carte de la madeleine (et puis les modes sont cycliques, aussi, mais c’est un autre sujet). 

Oui, c’était bien, avant. Mais on peut faire mieux, les gens. 

On peut faire TELLEMENT mieux.

MishMish (22 ans) - lectrice avariée avide de séries

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