Julie Lescaut

Julie Lescaut : La flic parfaite.

"Le commissaire Lescaut c'est moi"!Ainsi débute le générique de TF1 et la plupart des épisodes de la plus connue des séries policières françaises. Série phare de TF1 durant les années 90/2000, avec des audiences dépassant régulièrement les 10 millions de téléspectateurs, primée par les 7 d'ors (les césars décernés à la télévision), cette fiction aura connu 4 phases bien distinctes pour se renouveler, avec plus ou moins de succès. Voyons de quoi il en retourne.

©https://www.tf1.fr

De quoi ça parle?

Julie Lescaut nous parle d'une femme commissaire de police, divorcée, qui va prendre en charge le commissariat des Clairières, ville fictive de la région Parisienne. Elle va devoir jongler entre sa vie de famille (elle a deux filles) et sa vie professionnelle (une femme dans un métier très majoritairement masculin), les épisodes proposeront quasiment systématiquement une enquête criminelle, une enquête secondaire (au sein du commissariat par exemple), et un problème familial (problèmes scolaires avec Sarah et Babou, ou avec l'ex mari de Julie, Paul Lescaut, avocat d'affaire qui sera un personnage récurent de la série).

Une ambiance proche du film Tendre Poulet, de Philippe de Broca

Pour les cinéphiles, et particulièrement du cinéma Français, ce nom ne vous sera pas inconnu.

Julie Lescaut est, à mon sens, l'adaptation à la télévision de ce polar culte du cinéma Français, avec une femme flic au caractère fort, divorcée, qui va enquêter sur des meurtres dans une ambiance qui varie entre l'humour, la romance et une ambiance parfois proche du film d'horreur ou du thriller. Ce cocktail va fonctionner en grande partie grâce à la magnifique bande originale signée Didier Vasseur entre autres. D'ailleurs, à partir du moment ou la série voudra délaisser le piano pour se moderniser et intégrer une musique plus moderne (au synthétiseur, au secours!), l'ambiance en prendra un coup (je développerai davantage ce point en vidéo).

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Une série en quatre phases.

Quatre phases, trois ambiances, la série va tenter de se renouveler plusieurs fois pour rester dans le coup : la première (qui a le plus vieilli forcément) jusqu'au départ de la série de Jérome Anger, qui interprétait le personnage de Trémois, un flic assez sec et bourru, à la limite du mauvais garçon, que je n'affectionnais pas particulièrement.

Mais son départ va permettre l'arrivée de Kaplan, joué par l'impeccable Renaud Marx (l'un des meilleurs doubleurs français), inspecteur puis lieutenant charmeur, très droit, dont la vie personnelle pourra parfois affecter sa vie professionnelle. Son duo avec Nguma, joué par le regretté Mouss Diouf, explose l'écran, et l'ensemble de cette brigade (voir photo) permettra à la série de connaître son âge d'or. Il n'est pas rare de voir les relations professionnelles déborder du cadre du travail (avec des enquêtes qui demanderont parfois à Nguma et Kaplan de se rendre chez Lescaut pour travailler par exemple), et lorsque la justice entravera leurs enquêtes, le trio sera toujours solidaire, quitte à contourner temporairement la loi.

Hélas, à partir de 2005, les départs vont se succéder. Kaplan, Nguma, Zohra, et même Babou la fille cadette n'apparaîtront plus dans la série (sauf pour le final en 2014), et la fiction va tenter de renouveler l'effectif "poste par poste", avec de nouveaux inspecteurs tantôt antipathiques, tantôt inintéressants. La série se déroulant toujours dans le même commissariat, le spectateur va se sentir trahi, et prendra automatiquement ces intrus en grippe (le changement musical n'aidant pas à rassurer le spectateur). La série va même aller jusqu'à remplacer "Babou" par "Pavel", un enfant que Julie va adopter temporairement.

Heureusement, la série va devoir déménager, les locaux utilisés par la commune de Vanves n'étant plus disponibles, la production va avoir l'idée de muter Julie à Paris, au sein d'une toute nouvelle équipe (en emmenant dans ses bagages Motta, le seul personnage présent depuis le début de la série). Sa fille aînée, Sarah, est devenue avocate (comme son père), ce qui va permettre de confronter parfois la mère et la fille sur des enquêtes. Ces dernières saisons (de 2008 à 2014) vont moderniser la série dans le bon sens du terme, et ce "déménagement" va permettre la découverte de nouveaux personnages attachants (Gilles et Rolland), et on va retrouver enfin cet esprit "d'équipe" que nous avions perdu depuis plusieurs saisons. La série se terminera même en apothéose, avec un splendide adieu de Véronique Genest au personnage qui m'aura donné des frissons.

La dream team!

©https://julie--lescaut.skyrock.com/

Une série qui repose beaucoup sur la performance de Véronique Genest

Bien que le plus agréable dans la série soit cet esprit d'équipe, et ce serrage de coudes entre collègues dans des périodes difficiles, dans un commissariat limite insalubre et avec des moyens limités, la série doit beaucoup à son interprète principale, qui a su donner vie à une Julie Lescaut à la fois humaine et ferme, à la fois sensible et inflexible, à la fois patron et amie, sacrifiant sa vie de famille pour sa carrière, n'hésitant pas à bousculer l'autorité (ses divisionnaires et procureurs successifs vont avoir du grain à moudre!), n'hésitant pas à sortir des clichés (n'aimant pas les coupables tous faits, et n'hésitant pas à faire des contre enquêtes pour suivre ses intuitions et rendre justice). Primée 3 fois aux 7 d'ors, la série lui doit en grande partie sa longévité.

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Et maintenant?

J'ai pour habitude de conseiller un épisode en particulier pour commencer. Mais pour toute personne n'ayant pas grandi avec la série (un peu comme dans une Famille Formidable), je ne vois pas comment le spectateur de 2020 pourrait entrer dans le show (mis à part par simple curiosité). Cependant, certains épisodes sortent à mon sens du lot :

-L'épisode Délit de justice (le meilleur épisode de la série à mes yeux)

-L'épisode "interdit au public" (Pour moi l'enquête la plus glauque, avec la meilleure ambiance)

-L'épisode "Femmes en Danger" (dans lequel Julie va mener une enquête à l'étranger, idéal pour faire sa connaissance)

-L'épisode : "la fête des mères" (avec une prise d'otage et un quasi huis clos bien emmené)

Mais la priorité, plutôt que de "vendre" la série était surtout de lui rendre hommage. Elle demeurait l'un des rendez vous quotidiens préférés des Français (à une époque où la télévision avait moins de chaînes évidemment), et elle m'a autant ému (le final, l'épisode autour du décès de Paul, etc) qu'effrayé (certains épisodes et certaines musiques d'ambiance sont vraiment inquiétantes et réussies), et cette équipe soudée (surtout aux Clairières) et chaleureuse donnait presque envie de faire ce métier, et donnait envie de faire partie du groupe. N'est-ce pas l'essentiel d'une fiction après tout? En espérant avoir des nouvelles de la famille dans un ultime épisode?

Nico.